Mettez le panaris à l'index
Une petite peau morte au pourtour d’un ongle et qu’on arrache avec les dents, une écharde dans le doigt… il n’en faut pas beaucoup plus pour souffrir d’un panaris, autrement dit d’une infection qui se manifeste par une rougeur suivie par une petite collection de pus.
Panaris, "mal blanc" ou "tourniole"
Le panaris, qu’on appelle parfois « mal blanc » ou « tourniole » lorsqu’il se situe près d’un ongle, correspond à une infection, le plus souvent au niveau de la pulpe des doigts, à une profondeur variable, dans la peau (panaris cutané) ou sous la peau (sous-cutané). La plupart du temps, c’est au pourtour de l’ongle qu’il se produit, à la suite d’un événement favorisant comme l’arrachage d’une petite peau (on parle de panaris «périunguéal») ou après une piqûre (écharde), qui vont constituer autant de «portes d’entrée» pour les germes.
Le panaris un mal souvent bénin
Il s’agit souvent d’un «mal blanc» bénin, du ressort du médecin généraliste. Mais le panaris peut prendre des proportions importantes et provoquer une complication.
Une bonne raison pour écouter votre pharmacien Giropharm s’il vous conseille d’aller aux urgences car un mal blanc peut dégénérer très vite.
L’alcoolisme, le diabète, les traitements par corticoïdes et aux syndromes de dépression immunitaire exposent aux panaris.
Des staphylocoques dorés mais pas toujours
Présents naturellement sur la peau (et dans le nez !), les staphylocoques dorés sont les germes les plus fréquemment rencontrés dans les panaris (70 % des cas). Ils ne sont pas les seuls.On retrouve également des streptocoques (10 %) et des entérobactéries. Tout dépend également de l’origine de la plaie. Certains germes vont déclencher des panaris qui correspondent à des pathologies bien particulières : pasteurellose en cas de morsure animale ou humaine (infection localisée et très douloureuse liée à la Pasteurella multocida), maladie du rouget de porc lors des contacts professionnels (poisson, porc…) qui se manifeste par une plaque très rouge et légèrement surélevée, mycobactéries marinum (piqûres par arêtes de poissons d’aquarium), panaris mycotique en cas de plaie près d’un foyer infecté par des champignons (candida albicans).
L’identification du germe exact est donc importante dans ces cas-là, car elle conditionne la prescription de l’antibiotique adéquat.
Si vous développez plusieurs panaris à quelques semaines ou mois d'intervalle, attention donc à ne pas reprendre le traitement que l'on vous avait prescrit pour le précédent. La cause du nouveau panaris n'est peut-être pas la même que la précédente, et le traitement risque alors d'être inefficace !
Evolution du panaris
Une rougeur d'abord
En l’absence de traitement, le panaris évolue toujours en deux temps. Il se produit d’abord une rougeur douloureuse, comme une brûlure, dans les jours qui suivent la plaie. Il s’agit d’un véritable syndrome inflammatoire cutané localisé autour de la plaie. La peau apparaît tendue et chaude.
Suivie d'une apparition de pus
Quelques jours après, une poche de pus (abcès) se forme à l’endroit de la plaie et se manifeste par un petit «bouton» blanc, jaune ou vert, extrêmement douloureux à la palpation.
Le pus correspond à un amas de germes, de globules blancs et autres débris cellulaires. Les douleurs sont lancinantes et pulsatiles (rythmées par le flux sanguin), empêchant le sommeil. À ce stade, l’incision de l’abcès par un professionnel de santé comme le médecin, s’avère indispensable.
Un geste qui soulage les douleurs et évite les complications.
Les éventuelles complications du panaris
Au stade de collection purulente non traitée ou mal (prescription d’antibiotiques sans incision de l’abcès), les germes risquent de diffuser en profondeur de façon sournoise, infectant les gaines des tendons (phlegmon), mais aussi les articulations (arthrite), les os (ostéite), le réseau lymphatique (lymphangite et ganglions).
Les complications se manifestent selon les cas par une impotence fonctionnelle (ostéite, arthrite), des difficultés à fléchir le doigt (phlegmon) ou encore une suppuration malgré le traitement (ostéite). Une septicémie est même possible. Elle se traduit alors par une fièvre et des frissons. Outre la prescription systématique d’antibiotiques, les complications peuvent nécessiter un acte chirurgical spécifique.
Désinfecter le panaris
Un traitement précoce et efficace est recommandé afin d’éviter les complications. Au stade de la rougeur, une simple désinfection quotidienne répétée en trempant son doigt dans une solution antiseptique permet d’obtenir la guérison et d’éviter l’abcès. Mais bien souvent, ce sont les antibiotiques (dirigés contre les staphylocoques, statistiquement les plus incriminés) qui permettent d’obtenir le soulagement en 24 ou 48 heures.
L’immobilisation du doigt par une attelle permet de soulager les douleurs. Dans tous les cas, votre médecin est là pour vous conseiller.
L'incision médicale en dernier recours
Au stade de la collection purulente, seule l’évacuation du pus permet d’obtenir la guérison. Celle-ci est chirurgicale en cas de panaris évolué ou volumineux et elle est également associée aux antibiotiques. En cas de petit «mal blanc» périunguéal, il est conseillé de simplement de décoller la peau de l’ongle avec le bout d’une aiguille stérilisée (alcool ou flamme) et de presser délicatement sur la poche de pus.
Une désinfection antiseptique est nécessaire dans les jours suivants. Une antibiothérapie peut s’avérer utile. Dans tous les cas, n’hésitez pas à consulter votre médecin si les symptômes persistent après 24 à 48 heures de traitement. Enfin, il est recommandé d’être à jour de ses vaccinations antitétaniques.